Contre courant

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Contre courant

 

 

Je suis bien gauche avec ma main baladeuse tirant l’encre en traînées rondes et noires. De traits virils en volutes sensuelles, les mots jaillissent telles veinules qui prennent source dans mon cœur, ce cœur si gros, si lourd à porter.

 

De ces mille canaux empruntés au hasard des rencontres, je garde le souvenir délicieux de toutes celles que j’ai aimé, et te voilà toi au bout de cette impasse.

 

Faut il que je rebrousse flot tant tu m’éclabousses, et je reste là niais, pauvre nigaud à me battre à contre courant, et tu restes là belle et fragile engageant le combat à contre amant.

 

Je t’ai attiré à ton corps défendant, je t’ai désiré à mon corps défaillant, et nous nous battons dans le remous de notre sang.

 

Cependant combien de ruisseaux jouissent du moment, évitant les chutes pour se répandre en eaux calmes, comme nous pourrions le faire si, faisant fi des conventions nous acceptions un instant, un instant seulement de nous laisser aller dans les ondes tièdes de l’amour.   

 

Henri Rizzo

 

 

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