D'Un Point de Vue Fragmentaire


Le conflit résulte uniquement de notre point de vue fragmentaire, or le fragment est toujours un déséquilibre.
Partant de ce point de vue, nous ne pouvons que créer des nouveaux fragments et des déséquilibres, des conflits.
Les sociologues et les économistes qui veulent éliminer le conflit social en créent forcément un nouveau.
Les sociologues se figurent que le conflit est en dehors de l’individu, or il est créé par l’individu.
Il n’y a rien à changer à notre société, il n’y a qu’à changer notre point de vue.

Si nous quittons le point de vue fragmentaire, celui de l’égo, pour nous placer dans le point de vue impersonnel, celui de la Conscience, il n’y a plus de conflit, mais tant que nous occupons ce point de vue fragmentaire et personnel, nous créons continuellement de nouveaux conflits, nous les déplaçons, mais ils demeurent toujours.
Le monde lui-même ne présente aucun conflit, c’est nous qui le créons de toutes pièces.
Tant qu’un homme considère son corps comme étant lui-même, il est soumis à ses glandes, à ses sécrétions internes, à ce que je pourrais appeler son conditionnement, mais s’il réalise que ce corps n’a aucune réalité, je veux dire, aucune indépendance, qu’il dépend toujours de celui qui le perçoit, il constate qu’au fond le corps n’est rien d’autre qu’un objet.
A ce moment-là une chose extraordinaire se produit, l’homme n’est déjà plus complice de tout cet héritage.
Il va se trouver aligné et harmonisé selon le point de vue impersonnel.
Son action est désintéressée, adéquate à toutes les situations, à toutes les conditions, à tous les problèmes.
Il en découle un épanouissement où le corps trouve sa propre sagesse, la Conscience, c’est elle qui est le foyer, et de ce foyer, les étincelles sortent et se perdent, nous nous identifions avec elles par erreur, mais nous ne sommes pas elles qui ne sont que des fragments.
De ce foyer la dualité est abolie.

Jean Klein