Vous n'Aurez Pas Mes Guerres

 

Vous n'aurez pas mes guerres, hommes de peu de foi. Je n'irai pas sur votre terrain tenter de prendre votre prétendue place forte.

Vous n'aurez pas mes guerres et tous les chagrins qui vont avec quand nous rejetons la faute sur l'autre, ne voyant que la perte, la peur de perdre ou ce que nous aurions encore à gagner si nous arrivions à reconquérir nos droits, à reconquérir nos territoires, notre pouvoir ou nos possibles, si et encore si, contre et toujours contre.

Alors à ce jeu-là, tout est possible, tous les coups sont permis et la souffrance comme un étendard pour mieux partir en croisade contre le voisin, la copine, le politicien, le pays, Dieu, la grand-mère, la famille, le père, l'humanité entière, les hommes, l'Homme, les femmes aussi et même les enfants après tout, puisque c'est la lutte totale.

Mais vous n'aurez pas mes guerres, mes combats, pendant que d'autres se frottent les mains de nous voir si bien occupés, si bien coupés en deux, en quatre, à nous battre pour montrer, ou le meilleur chemin, ou la vérité, ou la meilleure voie, ou cette voix qui devrait porter plus loin que les autres. Oui une bataille qui ne laisse rien passer, une bagarre parce que c'est bien de se bagarrer.

Oh oui c'est bien. Il, elle, se bagarre. Nous nous bagarrons, nous luttons. Nous sommes à nous tous sur tous les fronts en nous partageant les tâches, les combats, les luttes et jusqu'en soi, nous sommes front contre front, pensée contre pensée, jusqu'aux armes ou aux mots qui tuent comme font en toutes les guerres, tous les fusils, tous les canons, toutes les menaces et les chantages pour obtenir, obtenir et tenir bon, serrer les dents, serrer les dents jusqu'à grincer, grincer jusqu'au grincement des dents sur le parquet ou de l'ironie pour gagner sur l'autre, sur soi, sur tout et finir à plat, toujours à plat et ratatiné dans un coin de soi qui aura tant lutté qu'il n'aura pas pu sentir son humanité sans payer le prix, le prix, le prix pour être juste soi.

Et la dualité se fit chair. Et la dualité se paie cher. Le combat est nourri. Les affronts journaliers. Il faut tenir bon la barre, ne rien lâcher de ce que d'autres avant nous ont chèrement gagné. Ca se compte en sous, en kilomètres, en morts, en sang, en sueurs, alors gardons-nous d'être en paix bon Dieu puisque jusqu'aux cieux, c'est sûr, ils s'en souviennent et nous disent de continuer.

Oui nous allons jusqu'à faire parler nos morts pour justifier de continuer de nous battre. C'est bien de se battre. On y gagne toujours quelque chose, un mérite, une médaille, la croyance d'une joie... peut-être... à l'heure de notre dernier soupir, de pouvoir nous dire que nous avons fait de notre mieux.. puisqu'on s'est battu, bien battu dans notre vie, notre chère vie..

Et le dernier soupir arrive. Et le dernier soupir s'en fout de nos mérites et de nos médailles. Il ravale toute la poussière remuée derrière nous de cette bataille menée. Il oublie tout, il fait tout oublier, parce qu'il est en paix et qu'il se fout de savoir les points que l'on croit avoir marqués contre ceci ou contre cela.

La pesée se fait ailleurs, à la légereté de notre coeur qui s'élève comme une plume, en sonnant ce dernier battement où l'on comprend qu'il n'a jamais été de ces roulements de tambours marquant le début des affrontements, mais bien le son du rythme de l'amour.

Tadam. Tadam. Un pas devant l'autre je suis artisan de paix.
Tadam. Tadam. Un pas devant l'autre je me libère de chaque pensée qui voudrait avoir raison.
Tadam. Un pas devant l'autre, ma vie est une oraison où je reçois la paix en bénédiction.

Vous n'avez pas mes guerres parce que j'ai fait la paix avec moi."

Sa*Ra
2 avril 2018
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