Le Jeûne Physique Est Superficiel

Martinho da Vila Foto

Le jeûne physique est superficiel.
Ce qui importe, c’est le jeûne de la pensée, ne pas absorber de pensées inutiles – pensées déversées à longueur de journée par les médias, la télévision, les journaux, les romans.
Et, plus capital encore : le jeûne du cœur – jeûne de l’affectivité, de la rancœur, de la critique, de la haine, du savoir.

Rester vraiment tranquille, vraiment à froid.
Ne pas intervenir dans le monde mais le laisser vivre en nous.
Ce jeûne‐là est le seul jeûne véritable.
Le jeûne de la pensée en est une conséquence. Parfois, le jeûne du corps peut se présenter comme un prolongement auspicieux du jeûne de la pensée.

Si vous supprimez les nourritures physiques et continuez à vous nourrir de tous les poncifs de notre société – les espoirs, les attentes et les regrets – cette nourriture est beaucoup plus néfaste que toutes les graisses cuites, les sucres et les protéines animales dont on cherche à se préserver.

Le vrai jeûne est le jeûne du cœur.
Arrêter de quémander, de réclamer, de demander quoi que ce soit.
Cesser de vouloir être considéré, de vouloir être traité de manière spéciale : ne rien demander.
Et, par‐dessus tout, arrêter d’imaginer être agressé, violenté par une situation. Cesser de s’imaginer que, parce que l’environnement ne m’aime pas comme je le souhaite, je suis agressé. Agressé par un regard, un geste, une parole, une présence, une idée, une race, une manière de vivre, une religion différente...
Le vrai jeûne consiste à jeûner de cette prétention d’agression... jusqu’à ce que je réalise que rien ne peut m’agresser, sauf ma propre prétention.

Jeûne de la pensée ou jeûne du cœur : l’essence du jeûne est la non‐activité. Il n’y a rien à faire. C’est une suprême abdication, une offrande à notre nature profonde.
Seul Lui agit. Je vis cette reconnaissance de ma nullité à faire quoi que ce soit : tel est le sens spirituel du jeûne.

Baret