Ta Façon de Chanter


Ta façon de chanter en dit long sur qui tu es.
Si tu chantes bien, tu pourras aider les gens.

Si ton chant arrive aux autres c'est que la médecine agit.
La chanson n'est pas un jeu. Ça vient de l'esprit.
Si tes pensées sont bonnes, cette chanson te branche du corps clair et fort.
C'est comme prier, comme la fumée du cèdre.
Le tambour et les maracas apportent les chansons à tout ce qui existe.
La chanson pénètre dans les choses et les gens, ça les met bien.
Sa vibration change ce qui t'entoure pour qu'elle te connecte comme si tu pries, comme lorsque les plumes de ton éventail sont imprégnées de fumée de cèdre, tu remues la bonne fumée sur une personne et celle-ci se sent propre.

Le tambour est ton principal assistant.
Si ça va trop vite ou lentement, ça peut gâcher ta chanson.
Sa façon de toucher te permet d'avoir des nouvelles de la personne, si c'est ton ami et s'il est bien dans la tête.
Le mieux pour tes chansons c'est que tu comptes sur une vieille connaissance à qui tu peux faire confiance.
Le percussionniste est censé te suivre mais il t'emmène aussi.
Ta clochette est aussi importante que les tambours.
Tu as besoin de guajes qui vont avec le ton de ta voix.
Chaque individu doit le découvrir.
Tu dois essayer beaucoup de guajes avant de trouver le bon.

J'ignore le sens de mes chansons.
Je n'essaie pas de comprendre ce qu'elles veulent dire.
Beaucoup de vieilles chansons indiennes sont comme ça.
J'essaie juste de les chanter bien.
Je ne connais que mes propres sentiments.
Je ne les comprends pas, les chansons retirent mes pensées.
Certaines ont l'air joyeuses.
Une autre a des sons tristes.
Mais c'est juste la façon dont tu te sens en les chantant.
Tu sais ce qu'ils sont.
Tu n'as rien à expliquer.
Tu sais quand la chanson est bonne.

Je fais attention à la façon dont chaque personne chante.
Ainsi je sais tout sur celui qui chante.
Quand je le fais, chaque chanson fait partie de moi.
Il ne peut pas être meilleur que moi.
Donc quand je chante, ce n'est pas comme à la radio ou pour traîner.
J'essaie de me lever du mieux que je peux.
Je ne chante pas seulement, je voyage.
Quand je chante, je prie sur Tipi et puis je parcours le chemin.


Récits des disciples du Chemin du Tipi recueillis par Warren L. D'Azevedo vers 1955 en Californie et au Nevada, entre les washoe membres de la Native American Church, aussi appelée Église du Peyote, une construction syncrétique autour du cactus sacré qui date du XIXe siècle et a des praticiens dans diverses tribus des États-Unis.

Les récits ont été publiés pour la première fois en 1978. Une édition plus complète du livre Straight with the Medicine est parue en 2006 (Heyday Books, Berkeley).

Traduction anglaise : Hermann Bellinghausen

Soin Shekinah